MELON-SOURIRE.
Coum’ in chaurî apoué* su l’fond de toun’ assiète, jhe tranche su ton été 2007, grisaillous é pissous.
Jhe me peurzente : cucumis melo, melon en français pointu, dau grec malon o mêlon, mon nom existe dépeûs le XIIIè sièclle.
Ma beurse*, o s’rait l’Afrique : cultivé dans la vallée dau Nil, jhe figurais dans le repas daus morts é su les fresques daus murs daus tombes, 2500 ans avant JC.
Jh’étions otou en Inde, vour’ l’aviant thyité*, dans n-in jhale*, à Harappa, daus gueurnes de ma famille, dépeûs 1500 avant JC, c’qui zeu fait 3500 d’âghe aneut !
In de mes aïeux, vieux de 2300 ans, at été trouvé en Chine ; in aut’, dans les cassereaux* de Shimonogo, au Jhapon, avit 2100 ans !
Pline, naturaliste romain, cause de moé dans soun’ Histoire Naturelle en
Xuan Zang, in voéyagheur chinois, qui vit 16 ans en Inde, jhujhe zeus melons moins pllésants qu’en chine, é décide de les aboun’sir*. Cinquante an-nées de travail, é en 695, thiel oume écrit dans son jhornau : « Les melons … sont devenus abondants et excellents. » Mais, dans toute l’Urope, le Moéyen-Âghe nous bouque*, maugré que jhe seyions inscrits su le Capitulaire de Charlemagne !
Au XIVè, jh’étis au goût dau jhor … en Avignon ! In p’tit pus tard, le roé Charles VIII me rameune d’ Italie, en 1497. Les moènes italiens m’aviant rapourté d’Arménie, é me cultiviant à Cantalupo*. Le pape Paul II, n-en bâzit en 1471, de m’avoèr trot aimé ! « Les Comptes de menues dépenses du pape Paul II pour l’année 1465 » disant que dau 26 jhuillet au 22 août, thiel oume s’abedassit* 145 melons !
Pierre de Ronsard ( 1524-1585) , en envoéye au roé Charles IX é nous apeule « pompom ».
Au XVIIè, jhe qu’neussons nout’ apoghée. Henri IV nous veut à tous les repas, en pyramides ob en montagnes, jhusqu’à n-en avoèr ine indigestion en 1607 ! Le poète Saint Amand, amourux de moé jhusqu’à dire : « Des faveurs de Margot je perdrai la mémoire », m’at écrit in pouème pllein de sensualité. A la meîme époque, Jacques Linard (1597-1645), peinte de soun’ état, repeurzente comb’ de mes ancêtes dans ses jholies natures mortes.
Moé, jhe seûs le Cantaloup charentais, veuruqueux o pllanghe*, le pus noblle, anvec mon cousin d’ Cavaillon. Daus cousins, jh’en avons d’aut’s : le melon dau jhaut-Poétou, thieu dau Quercy, é le vendéen melon-sourire, qui s’en paye ine tranche !, le fiar Sucrin brodé de Tours, le miel et soleil qu’at in Label Roughe, le Gallia espagnol qui fait partie daus 13 dasserts de
Cheûs les Musulmans, jh’ai ma pllace au Paradis, de quoé choper le melon, non ?
En Perse, quand jh’étions grous coum’ in calau*, les fames é les drôles enleviant nout’ duvet anvec zeus goules peur que jhe mûrissions pus vite. Ol étit pas l’ moument d’avoèr les pés en cosse de melon* !
Manghe-me, mes vitamines A te dounerant boune mine, mes vitamines C t’ôterant la fatigue, mes fibres é moun’ éve t’aghid’rant* peur pas groussir.
Boés-me otou : ébouille la chair d’in melon, d’ine oranghe é d’in citron , sucre-zou anvec dau miau*, mouille anvec in lite d’éve, mets-zou au frigo. Au moument de sarvir, ajhoute-zi in lite d’éve gazouse. O y at pas pus goulaillant !
Fais pas thiélés eils de melon ! Assèye-zou, tu m’en diras daus nouvèles !
Asteur que jh’ai fini moun’ émolé, coum’ zou dit Arlequin :
« Qu’on m’apporte un melon et quelques fraises,
Noyé de champagne ou de marasquin !
Nb : chaurî apoué : sourire posé ; beurse : berceau ; thyité : laissé ; in jhâle : une jarre ; cassereaux : ruines ; lichounés : mangés avec gourmandise ; aboun’sir : améliorer ; bouque : boude ; Cantalupo : donne son nom au Cantaloup ; s’abedassit : dévora ; veuruqueux o pllanjhe : brodé ou lisse ; in calau : une noix ; les pés en cosse de melon :paresseux ; t’aghiderant : t’aideront ; dau miau : du miel.
(cf. LEXIQUE SEFCO )