XIN NIAN KUAI LE à vous z’aut’s teurtous !
Ol est thieu que vout’ jhornau vous dit aneut, jheudi le 7 de jhanvier 2008. Cheus les Chinoés, ol est la Fête dau Printemps, le Nouvel An Lunaire, le Jhor dau Jhau, le Guonian. Thieu jhor, l’abeuillant zeus portes de meisons en roughe, le fasant écllater zeu jhoée anvec daus milliers de pétards, le se souhaitant ine boune an-née dans daus enveloppes roughes, é le se bijhant teurtous … L’orighine de thièle coutume vint d’ine léghende, la léghende dau Nian que jhe vas vous raconter.
O y at beun long d’temps, in pêchour, parti su les mers de Chine, resconte in dragon daus mers, é le tue. Peur se vengher, son fantôme, le Nian (d’où Guonian), revint tous les ans, au matin dau Nouvel An, dans le vilaghe dau pêchour é prend in enfant que l’empourte dans son Roéyaume, au fond de l’éve. Si les vilagheoés veulant pas, le menace de cramer zeus meisons é de les afoujher* teurtous en zeu bufant dessu !
Thièle an-née-là, quate jhors avant le Jhor dau Jhau, in veil oume, descendut de la montagne avait traveursé le vilaghe peur dire à la mère Teng qu’ol était son drôle que le fantôme dau dragon empourterait, son drôle unique ! Déjhà qu’ale était veuve, ol était beun dau maleur !
Les vilagheoés avant vut repartî le veil oume, mé l’entendiant reun sortir de la meison, pas in ébraillement, pas in plleur, pas in brut. In d’zeus a demandé à la veuve Teng (en chinoés, mé moé, jhe zou ai pas apeurnut !, alors jhe zou dis en pointu !) :
_ Pourquoi ne pleurez-vous pas ?
_ Parce que je n’ai pas le temps de pleurer. Il faut absolument que je trouve une façon de chasser le Nian. Il n’aura pas mon petit !
Durant troés jhors é troés neuts, la fame fait les cent pas, argarde son drôle jhouer, prie les ancêtes é les dieux. Quant son fi s’aroumit, a raste de cont’ li, é zi mignoune sa jholie goule. Durant troés jhors é troés neuts, a s’apouse* de dormî ! É le darnier soèr, acabassée, a s’assoumit. Ah la boune chouse ! Pasque dans ses rêves, a voéyit daus fantômes de dragon, daus drôles othiupés à jhouer, dau sang beun roughe, daus grands bruts, o teurlusait de peurtout, o braillait, o riait, tout thieu ol esteurbillounait* dans son calâ ! Quant a duvre les eils, sa tête zi fait dau mau, mé a sait thieu qu’o faut fare. Ses rêves zi avant dit que le Nian avit grand’ pour’ dau roughe, dau brut, é daus écllats de lumière.
_ Je mettrai du sang sur ma porte, et je ferai tant de lumière et de bruit qu’il s’enfuira en courant … Du sang … Je suis si pauvre que je n’ai même pas un poulet à tuer !
Alors, anvec in coutiâ, a s’cope le bout dau dét, fait russer* le sang su ine guenille bllanche, é l’encruche su sa porte.
_ Du bruit … L’idéal serait des pétards, mais je suis trop pauvre pour en acheter …
En bajhant* fort, a pense aux bambous qui se fendant en fasant daus grands pets, quant le beurlant ! A vat n-en ramanser ine brassée qu’ale apoue* devant sa porte. Pi, a s’acouasse* de cont’ peur atende le Nian. Les vilagheoés, zeus, couragheux !, s’aviant napi dans zeus lits, sous les couvartes é les édeurdons ! Le petit drôle, li, dormait du soume d’in anghe.
In ébraillement redondit*. Le Nian était au bas dau vilaghe. Ses pas fasiant trembller la sole. Arivé devant la meison de la veuve, le fantôme poussit in ébrâmit à la vut’ de la guenille roughe. Au minme moument, les bambous peutiant dans daus gharbes d’étincèles ; Le Nian, épouranté, s’ensauvit en corant coum’ine ralète* peur les champs jhusqu’à soun’ antre dans la montagne. À c’qui paraît que l’en est pu jhamais sorti !
Les vilagheoés, déjhouququés*, avant trouvé la mère Teng qui braillait … de jhoée. A sârait son drôle é le bijhait sans décesser !
L’avant fait souner les clloches daus templles, tapé su les gongs, fait peuter belchouses* de pétards peur fêter zeu victoère su le fantôme dau dragon daus mers de Chine.
Bijhez-vous à plleine goule, sârez-vous à plleins bras en vous souhaitant ine Xian Nian Kuai Le *! Coum’ disait Confucius : Si o fait pas de beun, o peut pas fare de mau !
APOLLONIE d’AJHASSE.
NB : *afoujher : asphyxier ; *apouser : empêcher ; *esteurbillouner : tourbillonner ; *russer : couler ; *bajher : réfléchir ; *apouer : poser ; *s’acouasser : s’accroupir ; *corî coum’ine ralète : courir comme un dératé ; déjhouqués : levés ; *belchouses : en grande quantité ; *voir édito de JP Béquet de l’Hebdo du 31/01/2008 …